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Et si la méditation était une torture ? (oups)

Qu’est-ce qui me fait dire que la méditation est – ou pourrait être – une « torture » ?

Nous nous torturons à longueur de journée.

Nous Torture épuisement1 nous torturons à intégrer des normes, des règles, des « ça se fait », des obligations, des « responsabilités », des « il faut », des « je dois »…. tout un tas d’injonctions, de diktats et autres modèles qui sont d’autant plus contraignants qu’ils ne nous correspondent pas.

Nous nous torturons parce que nous nous comparons aux autres, qui font toujours mieux que nous : une meilleure professionnelle, un meilleur époux, un meilleur manager, une meilleure mère, un-e meilleur-e … (à vous de compléter).

Nous nous torturons parce que nous voulons faire toujours mieux – et que nos résultats ne sont jamais assez bien.

Nous nous torturons parce que nous n’avançons pas assez vite dans nos projets ou nos résultats, aux yeux du chef de service ou à nos propres yeux.

Nous nous torturons nous-même et, bien souvent, autrui pour peu que nous ayons assez de pouvoir hiérarchique ou d’ascendant sur l’autre.

Et nous nous torturons même quand personne ne nous impose rien. C’est peut-être même parce que personne n’est sur notre dos à nous imposer quoi que ce soit que nous pallions nous-même à cette absence d’injonction qui nous manque, quelque part, par habitude. Et c’est d’ailleurs la pire des tortures : celle que nous nous infligeons à nous-même !

Nous sommes pris dans un rythme ambiant frénétique, à vouloir faire toujours plus, toujours plus vite, plus « efficace », « plus mieux ».

Et nous ne nous rendons plus compte que cet activisme effréné nous rend « chèvre » ou, plutôt « hamster », vous savez ce petit rongeur qui court dans sa roue, sans but et sans fin.

Nous nous agitons et nous oublions l’essentiel, qui est… ?

Nous ! …Qui est d’être nous.

 

Être soi

Être soi. Être. Être à l’écoute de Soi, de ses besoins…

 

Être dans l’instant présent et savourer

Coccinelle Instant présent1 Être dans la vie et se réjouir des (infimes et discrets) cadeaux quotidiens :

  • une douche chaude (ou froide, c’est selon)
  • un verre d’eau désaltérant (fortement minéralisée, hum)
  • une marche dans la nature (bien couvert s’il fait froid)
  • le salut souriant d’un passant inconnu, ou d’une gentille mamie qui nous sourit (que du bonheur)
  • une porte qui nous est ouverte ou que nous prenons le temps de tenir pour le suivant
  • un biscuit croustillant ou une crème fondante
  • le premier rayon de soleil sur le visage au milieu de gros cumulo-nimbus
  • le feu tricolore qui passe au vert juste à notre passage
  • l’ascenseur qui nous attend au bon étage
  • le coup de fil d’un ami (qui nous dérange !) qui pense à nous et nous le dit
  • notre enfant qui déboule dans notre bureau (qui nous déconcentre !) et qui nous raconte avec force enthousiasme la « meilleure journée de sa vie » à l’école…

 

Le cerveau veut être dans l’instant présent

A force d’être dans le Faire et de vous torturer mentalement par toutes ces injonctions intérieures (« Je n’avance pas assez vite ! », « Je ne sais pas où passent mes journées ! », « je n’ai pas le temps de penser au week-end », « Les vacances ? Ce n’est pas prioritaire du tout », « Aller me faire masser ? Oh là je n’ai pas l’temps », etc.), vous finissez par craquer.

En tous les cas, mon mental a craqué. Je crois qu’il s’est mis en mode « pause » et a joué de sa force d’inertie contre mes sommations. Et comme je ne peux rien faire sans lui – sans mes fonctions cognitives -, je suis au « chômage ». Sans emploi.

J’ai un poids mort dans la tête qui refuse de se relever et d’obéir. Plus de concentration, plus de mémoire, plus d’imagination. Et plus d’envie. Comme si mon cerveau – mes fonctions cognitives – tel un ado rebelle, me criait : « J’en peux plus ! Foutez-moi la paix ! »

Arrêter – malgré soi – c’est finalement la seule façon d’agir. Agir de manière juste et sensée ; c’est-à-dire « ne rien faire ». Le non-agir.

Se libérer des normes, des process, des injonctions, des ordres intimes ou extérieurs. Lâcher ses pseudo-urgences qui n’en sont pas (sauf peut-être pour les pompiers et les médecins urgentistes).

Se libérer de tous ces carcans et ces camisoles mentales que nous nous mettons, en croyant « bien faire » parce que « tout le  monde le fait donc c’est normal ».

 

Votre cerveau vous dit : « Foutez-moi la paix ! »

Lion Fichez moi la paix1 Lorsque j’ai cessé de faire – par la force des choses puisque mon cerveau en avait décidé ainsi – j’ai aussi cessé de méditer. Et oui. J’ai dû cesser même la méditation !

Mon cerveau était tellement (quasi) hors service (« quasi »… Dieu merci je ne l’ai pas forcé lorsqu’il a renâclé à m’obéir, j’ai échappé au burnout) que j’ai cessé aussi de m’astreindre à m’asseoir sur une chaise, le dos-bien-droit-les-jambes-écartées-de-la-largeur-du-bassin-les-pieds-bien-à-plat-au-sol-les-mains-ouvertes, pour méditer.

J’ai cessé toute activité « volontaire ». Je suis restée là, à ne plus rien faire, à ne plus chercher à penser ni à raisonner (« mais pourquoi ça m’arrive ? », « Combien de temps ça va durer ? », « mais j’ai pas que ça à faire moi ! », « ah je n’aurais pas dû bosser ces derniers week-end… » STOP !)

Même la nuit, je ne faisais rien, même pas dormir puisque je n’y arrivais plus. J’étais devenue insomniaque. Les yeux grand ouverts dans le noir, à ne rien faire. Même pas inquiète ou stressée à anticiper le futur état de veille (d’avance lamentable) du lendemain. Cela m’aurait demander trop d’effort de m’inquiéter de mon absence prévisible d’efficacité du lendemain. Je ne me suis pas levée pour autant pour aller à mon bureau et m’avancer, comme je le faisais habituellement par nuit d’insomnie (histoire de rentabiliser mon temps de non-sommeil ou prendre de l’avance sur le travail du lendemain).

Fatiguée pourtant. Mais le cerveau semblait enrayé, comme bugué ou figé sur « arrêt sur image ». Il semblait avoir perdu et son rythme circadien nuit/jour et ses fonctions cognitives habituelles.

 

Alors je n’ai plus rien forcé, ni le jour ni la nuit

Je ne me suis pas mise à méditer ou à me relaxer pour l’aider à s’endormir ou à retrouver sa concentration. …Peut-être aurais-je dû. Après tout, c’est à cela que servent tous ces outils de gestion de soi. …Même pas l’énergie pour ce faire.

Je n’ai pas non plus cherché à fuir cette espèce de no man’s land cérébral. Je me suis laissée en paix. Avec confiance. Totale reddition.

La paix ? Comme j’aime ce mot apaisant ! Dans ce monde bruyant, miséreux, obscur, chaotique, archaïque, fait d’hypocrisie, de misères, de violence, d’inhumanité. Pouvoir se caler au fond de soi, dans cette aire étroite de silence, de calme et de paix. Aaah, que du bien-être.

J’ai même fait fi de la culpabilité ! (« M’enfin ! T’as pas qu’ça à faire ! Et ça va durer encore longtemps cette paresse ?! »)
Raisonner la culpabilité, c’était encore trop me demander. Pfff… même plus d’énergie pour cet effort mental.
Et plus d’énergie non plus pour se fustiger ou se sermonner.

Et quel repos ! Merci mon cerveau – parce que, lorsqu’il débranche, c’est du sérieux.

Alors voilà. J’ai cessé. Je n’ai plus rien fait.

 

Mes corps se sont réappropriés leurs vies

Être soi Sculpture1 C’est alors que j’ai eu l’impression que j’entrais dans un autre moi-même. J’ai eu le sentiment que mon corps – mes corps physique, émotionnel, mental, spirituel – pouvaient enfin « faire leur vie », à leur rythme.

Et j’ai laissé faire – sans juger.

  • Je n’ai pas faim ? Je ne mange pas
    (« oui mais quand même, au moins le jus de citron bio pressé, c’est bon pour la santé ! » Ben non)
  • Je n’ai pas envie de bouger physiquement ? Je ne bouge pas
    (« oui mais quand même la petite marche de trente minutes pour te remettre en mouvement » Ben non)
  • Je n’ai pas envie de sortir ce week-end ? Je reste cloîtrée chez moi
    (« oui mais quand même, ça te changera les idées. » Ben non)

Je n’ai plus envie d’aucune contrainte d’aucune sorte. Je ne suis pas non plus triste ou déprimée. Je suis juste amorphe mentalement, émotionnellement… Peut-être un peu irritable si on me cherche aux abonnés absents où je me sens bien.

Et vous savez quoi ? Cette période creuse, dans laquelle je me suis laissée aller, en finissant par m’y vautrer voluptueusement (puisqu’il n’y avait pas d’autre chose à faire), avec patience, avec acceptation, avec compassion même… n’aura finalement duré bien peu de temps.

…A peine deux semaines. Cela peut paraître long – quatorze jours – quand on a tellement de choses à faire et qu’on aurait pu tellement avancer dans ce laps de temps. Mais c’est tellement court – je trouve – quand on sait que si je n’avais pas su écouter les limites de mon corps, j’en serais peut-être au burnout à l’heure qu’il est.

Finalement, j’aurais dû partir en vacances pendant ces deux semaines. J’aurais dû écouter mon besoin de vacances. Oui mais non. Parce qu’en vacances, j’aurais fait du tourisme. J’aurais visité des musées, lu plein d’informations sur les merveilles exposées. J’aurais goûté les spécialités du terroir, discuter avec les gens du coin, échangé plein d’informations passionnantes, été curieuse de tout.

Et je serais rentrée épuisée. Alors finalement, « non » pour les vacances, « oui » pour la vacance, pour laisser le vide s’installer en soi.

 

Peut-être aurais-je dû en profiter pour méditer ?

Et oui, peut-être. Et non, je n’ai pas médité. Je ne me suis pas astreinte à cette pratique en conscience, dans un temps donné, en un lieu dédié, avec concentration requise sur ma respiration ou les sons qui circulent ou les pensées qui vont et viennent…

Oui, j’ai finalement médité « naturellement ». Je n’ai pas appliqué une technique particulière. Je n’ai pas suivi de mode d’emploi. J’ai fait le « vide naturellement » ou, plutôt, le vide s’est installé en moi naturellement, et j’ai laissé faire. Sans interrompre, sans reprendre le contrôle, sans guider quoi que ce soit, sans juger, sans raisonner.

Mon corps – mes corps – ont repris le pouvoir. Et le mental s’est tu. Il s’est retiré pour un temps de mon champ de conscience (grillé qu’il était d’avoir surchauffé ces derniers temps, il n’avait guère d’autres choix). Je n’avais plus aucun objectif ni aucune vue à l’esprit sur  le pourquoi ou le comment « faire mieux » ou en « tirer profit ». Je me suis laissée faire. Je me suis laissée être.

Alors oui, la méditation s’est installée naturellement en moi.

http://juliasegal.tumblr.com/post/1133764190 Non pas la méditation au sens du Petit Larousse : « profonde réflexion sur… », mais la méditation naturelle – dont nos corps sont spontanément capables si on leur en laisse le temps et l’espace. J’ai découvert que  nous avions la capacité de méditer naturellement. Nous avons en nous cette faculté à nous délivrer spontanément de l’assujettissement au mental, de l’asservissement à cette dictature de l’utilité et de la rentabilité.

(Bien sûr nous finissons par avoir besoin d’apprendre à méditer – à nous asseoir là pour suivre des consignes – parce que nos corps ont oublié leur sagesse ancestrale. Ils savent pourtant comment être spontanément au repos, et c’est ce que nous rappellent les cours de méditation.
Et c’est peut-être parce que je me suis imposée cette discipline – pendant des années – de me mettre en position de méditer, que cette pratique naturelle m’est revenue spontanément en cette période de surmenage et de nécessité de tout stopper).

Essayez à votre tour de vous laissez aller au non-agir, au « non faire ». Juste comme ça, parce que ça vous fait du bien.
Parce que votre corps ne demande que ça.
Parce que votre cerveau veut du calme et de la paix.
Parce que cela vous vient naturellement, sans forcer.
Et avec soulagement.

 

Oui à cette sorte de méditation où il est question de se pauser – ou de se poser

Silence Violons1 Se poser là, sans objet, sans projet et sans but.

Oui à la pause des yeux qui regardent sans juger, observent et apprécient sans commenter.
Oui à l’écoute des sons si vos oreilles ont envie d’entendre, ou pas.
Oui à être présent au milieu d’une assemblée sans se sentir obligé de prendre la parole et tenter de dire des choses intelligentes.
Oui à votre écoute impartiale sans vous prendre la tête.
Oui à vos ressentis qui vont et viennent et que vous laisser aller et venir sans vous y accrocher.
Oui à votre absence de réponse que l’on vous réclame.
Oui à votre ignorance sur tel ou tel sujet, et alors ?
Oui à votre démission intellectuelle temporaire, ou à l’absence de votre présence d’esprit.
Oui pour accepter tout cela et vous en réjouir. Que c’est reposant !

 

Oui au ralentissement.

Oui à la lenteur.

Oui au rythme retrouvé des corps qui ont des besoins et qui savent naturellement les retrouver.

Oui à leur intelligence, à leur capacité de redevenir vivants.

 

Oui à ce premier geste de vous ficher la paix !

Colombe de la paix Magritte1 Non à la technique, non aux exercices, non à la discipline.
Non à ce qu’il « faut faire » pour « bien faire ». Non aux obligations ou à l’ennui.

…Vous ficher la paix comme vous le feriez avec votre ado qui vous jette de sa chambre, ou de votre collègue qui vous claque la porte au nez, ou de votre voisin qui ne veut pas vous parler… Vous voyez ? Devenez cette personne désœuvrée qui n’a plus rien à faire…

Soyez cette personne qui vous fiche la paix et / ou à qui vous fichez la paix.

Finies les sollicitation, oubliées les demandes, dissous les jugements, terminés les « ilfo, yaka, faukon ».

Vous ficher la paix, c’est laisser le calme entrer en vous. Enfin le silence, le non-agir.

 

STOPPEZ tout ce que vous faites en ce moment.

Ne faites plus rien. Voilà. C’est fait. Vous êtes capable de vous arrêter et de savourer.

 

STOOOP ! Ne faites vraiment plus rien.
Ou bien si : faites juste la paix, avec vous-même.

 

 

Je vous souhaite le meilleur 🙂

cropped-Nathalie-Portrait-blog1 Nathalie Decottégnie
La Référente francophone de la Proactivité

www.etreproactif.com

 

 

 

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