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Dans le conte de fées, qui est proactif ? Avez-vous repéré les attitudes et comportements proactifs de la Princesse ? …Et du roi ?
Voici donc quelques réponses :
- Cette princesse, dont le père est fait prisonnier par le roi voisin, a un objectif : sortir son père des geôles ennemies et négocier une paix durable pour que son peuple et le peuple « ennemi » vivent dans une paix durable. Elle veut transformer une situation, plutôt inconfortable pour elle, en situation positive : transformer une menace en opportunité.
- 1er aspect de la proactivité : faire d’une menace une opportunité.
- Pour ce faire, la princesse a le courage d’affronter en face le roi ennemi. Elle prend le risque de se présenter à lui alors qu’elle pourrait être faite prisonnière à son tour et rejoindre son père en prison.
- 2ème aspect de la proactivité : prendre des risques sans garantie de réussite.
- Avoir le courage de faire des choix sans visibilité quant aux résultats.
- Avoir des convictions fortes.
- Prendre son destin en main, et tenter de le transformer.
- Ensuite, elle ne se laisse pas démonter par le défi du roi. Elle ne critique pas le défi qu’il lui pose. Elle l’accepte, même si elle pense en son for intérieur dans un premier mouvement du cœur : « ce n’est pas possible ! ».
- 3ème aspect de la proactivité : accepter la réalité telle qu’elle est et bâtir des solutions en tenant compte de cette réalité.
- Accueillir ce qui est. Être dans l’acceptation (ce qui ne veut pas dire « tout accepter sans broncher »).
- Rester ouvert sur l’actualité et la réalité.
- Ne pas juger la réalité, prendre les faits tels qu’ils se présentent.
- Elle a l’imagination et l’audace suffisante pour revenir et répondre aux trois défis.
- 4ème aspect de la proactivité : susciter son imagination et trouver des solutions créatives qui sortent des modes de raisonnement habituel.
- Réfléchir out of the box.
- Pratiquer la pensée divergente.
- Ensuite, elle ne craint pas le ridicule en acceptant ces trois défis. Cette princesse de sang royal se présente en effet devant le roi attifée d’un filet de pêche, à califourchon sur un chien, ce qui peut être humiliant pour tout un chacun.
- 5ème aspect de la proactivité : assumer ses choix et oser prendre des risques.
- Ne pas craindre le regard d’autrui et agir en fonction de ses convictions.
- Ne pas se soucier du qu’en dira-t-on ni de l’image que l’on donne de soi, pour peu que l’on soit absolument convaincu du bienfondé de sa démarche.
- Enfin, on peut supposer qu’une princesse de sang royal aspire à avoir un destin digne de son rang : épouser un prince/ un roi et être à la tête d’un royaume où il fait bon vivre : elle est censée « être heureuse et avoir beaucoup d’enfants ». Et c’est ce qu’elle gagne en effet : la délivrance de son père, qui reprend sa place de roi, un époux de sang royal et un royaume en paix.
- 6ème aspect de la proactivité : « tout faire » pour obtenir des résultats en fonction de ses désirs, de ses objectifs, tout en tenant compte du contexte.
- Provoquer les événements, aller au-devant des situations.
- Anticiper le changement souhaité.
- Se façonner un destin selon son idéal de vie.
- Sortir du cadre… oser être anti-conformiste.
Cette liste n’est pas exhaustive. En effet, ce conte ne présente pas toutes les attitudes et comportements proactifs que nous pouvons adopter. De même, il ne contient pas tous les ingrédients de la Proactivité. Il reste néanmoins une illustration intéressante pour vous introduire ce qu’est être proactif.
And last but not least – dernier élément mais non des moindres : le Roi aussi est proactif. Voici comment :
Le Roi se sent bizarre après le passage de la Princesse. Du moins, il « sent » que quelque chose est inhabituel. Il vient de voir une Princesse agir, il vient d’entendre ses mots, il tente de comprendre son discours iconoclaste. Il a observé son langage non verbal (il l’a trouvée jolie, au demeurant). Et son entendement résiste à ce que lui disent pourtant tous ses sens : il y a un truc qui cloche !
En se repassant en mémoire ce qu’il vient de vivre avec la Princesse, il se rend compte que quelque chose a changé. Bien que ses précepteurs lui aient appris que la vie est changement permanent, nous le constatons cependant rarement du jour au lendemain. Or, en cet instant, il prend conscience que le fait de le savoir intellectuellement ne l’aide pas à s’y adapter concrètement. Il y a loin du savoir abstrait au vécu émotionnel. Et le voilà mis devant le fait accompli : le changement arrive en sa demeure sous la forme incarnée d’une Princesse.
Il se rappelle alors comment a fini son ami Crapaud, ce prince transformé en amphibien. Pour être délivré de son sort, la sorcière lui avait fortement conseillé de se trouver une Belle qui l’aimerait assez pour l’embrasser, et même le demander en mariage. Pas gagné d’avance. Son ami le crapaud, après avoir finalement accepté son nouveau physique, se réjouissait de nager dans une eau claire et fraîche. Tout en se prélassant, il anticipait cette rencontre décisive avec cette Belle qui aurait l’heureuse idée de venir se baigner dans sa mare.
Un jour, l’eau de cette mare se mit à tiédir – on ne sait par quelle étrangeté de la Nature (sans doute le réchauffement climatique). Le crapaud ne sentait rien et continuait de se goberger dans cette eau en rêvant à sa Belle. L’eau montait encore en température et le crapaud rêvait toujours à un monde meilleur. Son corps s’alanguissait et s’habituait degré par degré aux hausses de température. Aucun de ses sens ne semblaient l’informer des changements de son environnement. Il était tout au plaisir de sa rêverie.
Jusqu’au jour où l’eau devint franchement chaude, puis bouillante, mais son ami le crapaud s’assoupit, tant et si bien qu’il finit cuit ! Il n’a pas tenu compte des signes physiques que tous ses sens captaient et lui envoyaient pourtant au cerveau.
Le Roi poursuit sa réflexion. Lui non plus n’a pas vu le changement lent et progressif se faire jour. Il n’y croyait pas ou refusait de le voir. Pourtant, il aurait dû s’en rendre compte ! Il est le Roi bon sang ! Ah, s’il avait su anticiper les événements ! S’il avait su être moins suffisant et moins sûr de lui.
Le Roi « vainqueur » est vraiment surpris du comportement de la Princesse. Du temps de feu son père le Grand Roi, une Princesse ne serait pas venue le rencontrer seule. Elle serait restée au milieu des siens, protégée par l’ensemble de sa famille, qui l’aurait d’ailleurs vivement dissuadée d’entreprendre une démarche si audacieuse.
Du temps de son père, le plus fort gagne et asservit le peuple vaincu. C’est ainsi que va la guerre. Rien de plus normal en somme – selon ses croyances.
Or, il faut que ça lui arrive à lui ! Qu’une Princesse vienne à lui et le mette presque au défi. Et encore ! Ce n’est même pas pour supplier la délivrance de son père ou larmoyer à ses pieds ! Non ! C’est pour prétendre discuter de la paix ! Mais, de mémoire de Roi, on n’avait jamais vu ça ! Alors comment faire face à un tel changement dans les comportements ? En résistant.
Et il résiste. Elle vient le mettre au défi par sa demande de négociation ? C’est ainsi qu’il le vit, et il le vit mal. Qu’à cela ne tienne, il lui oppose trois autres défis dont il ne connaît même pas lui-même l’issue. Ça lui est venu à l’esprit comme ça, comme un réflexe de défense. Après tout, il n’a rien à perdre à les lui soumettre.
Finalement, le jeune Roi prend conscience que les temps changent. Que les contes de fée ne sont plus ce qu’ils étaient. Autrefois, il aurait dû affronter un dragon pour délivrer une Belle.
Maintenant, il doit affronter une femme qui veut parler politique !
Comme ce jeune roi est proactif à sa façon – nous sommes tous dotés de capacités en proactivité – il s’adapte et se prête au changement de son époque : il accepte de recevoir la Princesse. Il accepte de l’écouter sans la faire arrêter et jeter en prison. Il fait face à sa demande, qui lui paraît complètement utopique, irréaliste (mais c’est bien connu, les Princesses sont de grandes rêveuses). Il l’écoute mais, pris de court par sa demande de négociation, il se défend en lui opposant l’obligation de répondre à trois défis (dont il est sûr qu’elle ne trouvera pas l’issue). Son honneur est sauf.
Sauf que la Princesse est proactive bien davantage encore : ses parents lui ont inculqué cette façon d’être et de faire. (il est vrai qu’elle a davantage à perdre donc sa motivation et tous ses sens sont en éveil – question de vie ou de mort, ça motive).
Quant au roi, prenant soudain conscience que le changement est inévitable – ce que tous ses sens lui indiquaient mais non la conscience – il se réprimande et se dit qu’on ne l’y prendra plus. Il tâchera d’ouvrir l’œil et le bon ! Il s’en remettra désormais à ses cinq sens physiques – voir, observer, entendre, écouter… – pour anticiper les évolutions, s’y préparer, s’y adapter, et même en tirer profit à son avantage. Il commence à devenir proactif en conscience.
Mais ce qu’il ne sait pas encore, c’est que, si la Princesse a réussi son entreprise, c’est qu’elle est davantage proactive dans ses attitudes et comportements. Elle se sert non seulement de ses cinq sens physiques mais aussi de ses sens émotionnels, psychiques, et spirituels.